sábado, 25 de julho de 2015

L'ABBAYE NOTRE-DAME de TRIORS ET LA LITURGIE TRIDENTINE. Dom Hervé Courau, musicologue réputé et père abbé de Notre-Dame de Triors et le chant grégorien.

Abbaye Notre-Dame de Triors

La liturgie des heures et les offices, à Triors, sont surtout appréciés parce que les moines pratiquent le rite tridentin, qui date du concile de Trente(1545). Il a été en vigueur dans l’Eglise jusqu’en 1962, puis réintroduit en 2007 comme forme extraordinaire du rite romain. Le monastère de Triors prie donc à l’ancienne, mais il faut souligner qu’il respecte totalement la doctrine de Vatican II





La liturgie monastique est à l'image de ces réalisations concrètes : simple et belle, d'aujourd'hui et de toujours, de jeunes voix redisent la louange traditionnelle, en latin et grégorien.




Le chant grégorien, monument culturel et trésor de la musique universelle, constitue surtout le chant propre de la liturgie catholique romaine. Aussi avons-nous demandé à Dom Hervé Courau, musicologue réputé et père abbé de Notre-Dame de Triors, de nous parler d'une réalité dont il connaît l'histoire et la complexité et qu'il pratique quotidiennement avec sa communauté.
Qu'appelle-t-on chant grégorien ?
À l'énoncé très général de cette question, on peut apporter deux réponses, l'une d'ordre historique, l'autre d'ordre musical. Le chant grégorien fait référence à l'histoire, puisqu'il inscrit dans son nom une référence à un pape qui vécut à la frontière entre les VIe et VIIe siècles. Saint Grégoire, dit (y compris chez les Orientaux) le Grand, exerça de 590 à 604 : les quelques années de son pontificat furent extrêmement fécondes à divers points de vue, spécialement pour tout ce qui concerne la liturgie. LIRE...



 

Un ordre contemplatif

Dom Hervé Courau, premier Abbé de Triors, revient avec insistance sur la vocation contemplative des Bénédictins, pendant les deux entretiens qu'il nous a accordés avec simplicité et générosité. À Triors, on estime que le sacerdoce des moines n'a pas un but extérieurement apostolique, il consiste plutôt à «bien dire la messe», pour enfouir la modernité dans les saints mystères. C'est pourquoi les Pères de Triors disent leur messe basse8 chaque matin dans la crypte, avant d'assister à la messe conventuelle célébrée uniquement par l'hebdomadier9. Au plus profond de la vie quotidienne d'un bénédictin, tout converge vers Dieu et rien n'est préférable au Service Divin selon l'adage de la Règle. Celle-ci, répondant au but de son auteur qui voulait instituer «une école de service du Seigneur», partage la journée --- très fragmentée --- du moine entre la prière liturgique, le travail manuel et la lectio divina, c'est-à-dire cette étude attentive et méditée des textes de la Bible et des commentaires patristiques. Elle accorde à la prière liturgique la première place, ce qui est une caractéristique de l'ordre bénédictin. C'est autour des heures des offices que s'ordonnent les autres activités. 

La journée d'un bénédictin commence tôt: une demi-heure après un lever très matinal (4 h 45) débute le long office nocturne --- une bonne petite heure ---, ce sont les Matines, ou Vigiles, suivies des Laudes. «Veillez et priez, car nul ne sait l'heure du retour du Seigneur.» Après l'Angelus, les Pères, assistés des Frères, célèbrent donc leur messe basse quotidienne dans la crypte, communient et prolongent silencieusement leur action de grâces. Le petit-déjeuner est précédé d'une brève étude. À 8 h 30, les cloches rappellent les servants de Dieu pour Prime, office psalmodié recto tono10 qui s'achève au Chapitre par la lecture de la règle de saint Benoît. Ils consacrent ensuite une heure à la lectio divina11. L'abbatiale se remplit de nouveau à 10 h pour l'office de Tierce, suivi de la messe conventuelle chantée. Les moines vaquent ensuite à leur service respectif (reliure, comptes, jardinage, cuisine, poterie, menuiserie, cordonnerie, porterie, soin des ruches et des noyers...), pendant que les novices étudient en cellule, que le Père Abbé prépare sa conférence du soir et les moines enseignants leurs cours. Sexte marque à 12 h 45 la fin de la matinée. Après le repas et 45 mn de recréation, None ouvre l'après-midi. Un temps de service assez long est clos par les Vêpres à 18 h. Avant la conférence du Père Abbé, les moines peuvent lire dans leurs cellules, prolonger leur oraison dans l'église ou réciter un chapelet dans le cloître. Après le dîner et les Complies à 20 h 30, le silence des cloches et le sommeil des Justes forment le point d'orgue de cette journée bien remplie.


Le surnaturel se manifeste en France lorsqu’elle se trouve au bord du précipice, mettant en cela notre pays un peu à part des autres. Mais honor onus, disent les anciens, plus grand honneur entraîne davantage de responsabilité. Clovis ou Jeanne d’Arc, les apparitions mariales depuis 1830 (Rue du Bac), tout cela c’est le Ciel qui se penche sur notre histoire à bout de souffle, l’obligeant au sursum corda duquel elle a failli. En cette période de l’année, le 17 janvier 1871, Marie apparut à Pontmain, à 40 km d’une armée française en déroute vers Laval, humiliée et désespérée après la défaite du Mans devant les Prussiens. La Bretagne est alors menacée, dernière carte pour négocier un armistice pas trop indigne : mutineries, épidémies, épuisement généralisé, que faire ?

À une encablure de là donc, un trou perdu, Pontmain, hameau de moins de cent habitants y compris les nouveau-nés et une marmaille nombreuse, souffre du drame de façon un peu assourdie. Ce jour-là, l’angoisse n’empêche pas le train-train quotidien : piler des ajoncs pour le bétail, préparer les repas… À partir de 18h et jusqu’à 21h, dans un va-et-vient sur la grand’ place de l’église, deux enfants, puis d’autres voient au-dessus d’une grange, une douceur qui sourit au milieu d’un ciel très dégagé, constellé d’étoiles. De quart d’heure en quart d’heure, les enfants s’assemblent, les adultes aussi (qui ne voient pas), jusqu’à un nouveau-né qui crie en pointant du doigt, « Zésus », le seul mot qu’il sache. Deux religieuses et le curé qui tient bien sa paroisse se mêlent à la grosse cinquantaine de témoins (les 3/4 du village).

En ces heures graves, tous jouent le jeu presque d’emblée. Un épisode mérite d’être souligné, car il éclaire l’actualité d’aujourd’hui et ses tristesses. Alors que Marie souriait et attirait les sourires des enfants, jouant parfois même de ses mains comme pour cajoler de loin (au-dessus du toit de la grange), Vlà qu’elle tombe en humilité, disent-ils à un moment : en humilité, c’est-à-dire en tristesse, état de l’homme humilié, tombé à terre. Dans le brouhaha, le curé demande alors le silence. On lui propose de s’adresser à Notre Dame. Hélas, je ne la vois pas, que pourrais-je lui dire… Prions : mot-clé, celui de cette neuvaine de mois pour la France.

Au cours de la liturgie improvisée alors dans le froid piquant (chapelet, litanies, hymnes mariales, cantiques…), Notre-Dame, silencieuse, dévoile quelques symboles (croix, cierges) et surtout déroule un message tout simple sous ses pieds, à chaque intonation de ces diverses prières : MAIS PRIEZ MES ENFANTS DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS MON FILS SE LAISSE TOUCHER. Le premier mot (mais), le manque de ponctuation, le gros point, ce qui est souligné, tout cela intrigue le Français qui aime les idées claires. À Pontmain, Marie s’est moquée finement de nos désirs d’investigation exhaustive, qui nous poussent à vouloir tout savoir, tout de suite. Toujours est-il que trois jours après ce 17 janvier, contre toute attente, les Prussiens rebroussaient chemin et l’armistice était signé le 28. Conclusion : Pontmain est un trou perdu (et resté tel) ; la vraie France se joue là où elle échappe aux médias, ayant en elle l’avenir de Dieu dans sa fidélité aux gestes de la vie quotidienne, au court terme « tout bête » mais bien ordonné, laissant le long terme à la Providence qui voit plus loin que nos prudences, surtout quand elles sont affolées. Un évêque me disait récemment de S. Joseph : Plus il se cache, plus il rayonne. La vocation de la France doit lui ressembler, rayonnant dans l’humilité cachée, dans l’effort patient qui ne paie pas de mine. « Jeunesse nouvelle, jeunesse rebelle » à l’avilissement des âmes, écoute bien Marie qui te dit comment prier.




 

Dom Hervé Courau
Né en 1943, le Père Hervé Courau, abbé de Notre Dame de Triors est entré en 1964 à l’abbaye de Fontgombault où, après son ordination sacerdotale en 1974, il a été hôtelier, puis maître des novices. En 1984, il a été nommé à la tête de la fondation faite par Fontgombault à Triors, dans la Drôme, à 20 km de la ferme de Marthe Robin. Il en a été béni premier abbé en 1994.



Lumen
Enfant de Dieu

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