quarta-feira, 27 de março de 2013

LA PRIERE DU CŒUR par Père MARTIN DE COCHEM

 

LA PRIERE DU CŒUR par Père MARTIN DE COCHEM



LA PRIERE DU CŒUR
PAR
Père MARTIN DE COCHEM
Frère mineur capucin
Traduit de l'Allemand par A. Rugemer, o. s. c.
> publié en allemand en 1896, en français en 1901 et dans cette version réduite en 1929 aux éditions Les Voies franciscaines.



Préface
Chapitre premier Nécessité de la prière
Chapitre deuxième Combien il faut prier

Chapitre troisième De la prière continuelle
Chapitre quatrième Combien la méditation est facile
Chapitre cinquième De la prière en esprit
Oraisons jaculatoires





CHAPITRE TROISIEME
DE LA PRIÈRE CONTINUELLE

Saint Ambroise dit : « Quand vous lisez, c'est Dieu qui vous parle, mais quand vous priez, c'est vous qui parlez à Dieu. » Ces quelques mots font ressortir l'excellence de la .prière. L'âme en est élevée jusqu'à Dieu, elle y reçoit l'immense honneur, la grâce inestimable de traiter avec Lui! Pour se faire entendre des hommes, il faut nécessairement user de la langue, l'homme étant un être matériel qui ne saurait comprendre sans le secours des signes sensibles, des sons articulés. Il en est bien autrement de Dieu qui n'a besoin, pour comprendre, d'aucune parole, d'aucun signe : il suffit de répandre notre cœur en sa présence et nos plus secrètes pensées sont à découvert devant lui : « Dieu est Esprit, et ceux qui l'adorent doivent l'adorer en esprit et en vérité » .
Le divin Maître nous révèle par ces mots la supériorité de la prière mentale sur la prière vocale, et nous enseigne qu'il est plus avantageux de prier seulement du cœur que de prier des seules lèvres.
Expliquant ce passage de l'Evangile, saint Grégoire dit : « La vraie prière ne consiste pas en des paroles, mais dans les pensées du cœur; ce ne sont pas les mots, mais les désirs qui crient vers Dieu. Si nous demandons la vie éternelle de bouche seulement, si haut que s'élèvent nos clameurs, nous demeurerons muets; mais par un désir véhément du cœur, notre appel percera les nues et pénétrera jusqu'au trône de Dieu. »

Une foule de personnes errent sur ce point. Elles se donnent beaucoup de peine sans aucun profit, leurs interminables prières n'étant qu'un vain mouvement des lèvres, auquel ne se joint aucune attention. Savent-elles seulement ce qu'elles disent? Vraiment c'est pitié de voir ainsi se conduire beaucoup de ceux qui sont consacrés à Dieu, aussi bien que les gens du monde. Pourvu qu'ils aient récité quantité de Pater ou lu nombre de pages sur un recueil, ils se croient fort dévots et âmes de grande oraison.

Evidemment, il y a des prières à réciter d'une manière distincte : l'office ecclésiastique, les formules indulgenciées, le saint Rosaire, la pénitence imposée par le confesseur, etc. Mais quand il s'agit d'une prière laissée à notre choix, elle sera certainement plus efficace, plus fervente, si nous l'adressons à Dieu mentalement, si elle est un mouvement spontané de notre cœur vers lui. Inutile d'invoquer ici le témoignage de l'Ecriture ou celui des Pères; notre expérience suffit. Dites-moi, ô Chrétien, quand vous lisez dans un formulaire ou que vous récitez de mémoire une suite d'oraisons, n'est-il pas vrai que vous vous sentez presque toujours distrait, le cœur sec, et que votre imagination se livre à tous les écarts? Au contraire, si vous répandez votre cœur devant Dieu par une prière mentale, tout votre être est concentré sur ce colloque intime, une douce onction, une ineffable consolation vous pénètre tout entier.

Puisqu'il en est ainsi, pourquoi ne pas changer vos longues prières vocales contre l'oraison mentale? Comment s'y prendre? dites-vous. Jésus vous l'enseigne : « Quand vous priez, ne multipliez pas les paroles comme font les païens qui s'imaginent d'être exaucés à force de paroles... Votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez» . Ainsi donc employez peu de mots, contentez-vous d'exposer vos besoins au Père du ciel. Plus votre prière sera simple, humble, candide, plus elle plaira à Dieu et sera puissante auprès de lui. Témoin le publicain de l'Evangile. Il se tenait à la porte du temple, n'osant lever les yeux au ciel, et se frappait la poitrine disant : «Seigneur, ayez pitié de moi qui suis un pauvre pécheur» . Sans doute, il aura répété maintes fois la même supplication, et à chaque fois son repentir aura été plus parfait.

Ailleurs, nous voyons la cananéenne suivre le Sauveur et crier : « Jésus, fils de David, ayez pitié de moi! » . Elle aussi a répété sans se lasser le cri de son cœur de mère, puisque les disciples priaient le Seigneur de l'exaucer pour les délivrer de ses cris. Vous connaissez le miracle obtenu par cette prière.

Enfin, au Jardin des Oliviers, Jésus-Christ lui aussi a répété trois fois sa prière : « Mon Père, s'il est possible, que ce calice passe loin de moi! Cependant, que votre volonté soit faite et non la mienne ». Voulant nous enseigner par là que pour bien prier, peu de paroles suffisent, et que pour enflammer l'esprit, il est bon d'en choisir quelques-unes et de les répéter souvent.
Il est rapporté dans la vie des Pères, que saint Paphnuce après avoir converti la pécheresse Thaïs, l'enferma dans une étroite cellule, percée d'une seule fenêtre, par laquelle on lui portait chaque jour du pain et de l'eau pour sa nourriture. Puis, comme elle lui demandait à quelles prières elle devait s'appliquer, il lui dit : « A cause de tes énormes péchés, tu n'es pas digne de prononcer le nom de Dieu; pour toute prière, dis seulement ces paroles : « Vous qui m'avez créée, ayez pitié de moi ! » Pendant trois ans, la recluse pénitente soupira de cette manière vers son Créateur, lavant ses péchés de ses larmes. Or, une nuit, Paul, disciple de saint Antoine, eut une vision : le ciel s'ouvrait, et un trône magnifique y était préparé pour un bienheureux. Tandis qu'il se demandait à tant de gloire était réservée, une voix lui dit : « Ce trône est destiné à la pécheresse Thaïs. » Informé de cette vision, saint Paphnuce rendit la liberté à sa pénitente, et Thaïs mourût saintement quelques jours plus tard.

De même, saint Antoine, solitaire, avait un disciple qui vint lui manifester un jour son grand désir d'aller visiter d'autres solitaires renommés, pour apprendre d'eux la bonne manière de servir Dieu et de prier. « Mon fils, lui dit le saint, oubliez tous les autres exercices, demeurez dans votre cellule, répétez du fond du cœur ces paroles du publicain : Seigneur, ayez pitié de moi qui suis un pauvre pécheur; et vous serez parfait. »

Oui, quand vous voulez prier efficacement, soupirez dans votre cœur : Mon Dieu, ayez pitié de moi! Vous en aurez dit assez, car ces paroles renferment la confession de nos péchés, aussi bien que la demande du pardon. Qui dit : Mon Dieu, ayez pitié de moi! reçoit le pardon de ses péchés et n'a plus de châtiment à craindre. Qui dit : Ayez pitié de moi! gagne le royaume du ciel, car celui que Dieu prend en pitié n'est pas seulement délivré de la peine due au péché, il est encore autorisé à rentrer en possession des biens éternels. Ah ! puisque tel est le mérite de cette brève aspiration, répétez-la sans cesse, comme si elle était la respiration même de votre âme.

J'insiste sur ce point : ne surchargez pas votre mémoire de longues et nombreuses formules; il suffit de quelque courte invocation, choisie parmi celles qui touchent l'âme le plus vivement et l'inclinent vers l'humilité et la contrition. Cette aspiration répétée renouvellera à chaque instant votre esprit. Eussiez-vous imploré la miséricorde divine mille et mille fois comme la pécheresse Thaïs, ne vous lassez pas de l'implorer encore nuit et jour, jusqu'au dernier instant de votre vie.

Les belles paroles n'émeuvent notre Dieu : c'est le cœur contrit et humilié qui lui fait violence. Du reste, pour le choix plus facile, nous avons réuni ci-après un certain nombre d'oraisons jaculatoires. Ces rapides élans de l'âme peuvent se pratiquer avec grand fruit, même pendant la récitation des heures canoniales, car ils excitent l'amour de Dieu et prémunissent l'esprit contre les distractions. Assurément, le texte sacré du saint Office doit être prononcé seul, mais il est très bon d'entremêler à la prière quelques soupirs enflammés, pour affermir la dévotion et la soutenir jusqu'au bout.


LA PRIERE DU CŒUR par Père Martin de Cochem

ORAISONS JACULATOIRES
O Dieu, ayez pitié d'un pauvre pécheur!
Seigneur, miséricorde!
Jésus, Fils de David, ayez pitié de moi!
Vous qui m'avez créé!
Vous qui m'avez racheté!
Vous qui m'avez sanctifié!
O Jésus, ayez pitié de moi!
Mon Dieu, ayez pitié de moi selon votre grande miséricorde!
Ne me perdez pas pour l'éternité, ne m'abandonnez pas!
O Jésus, venez à mon secours, assistez-moi, protégez-moi!
Je me recommande à vous, je m'offre à vous, je vous donne mon âme et mon corps!
Je me réfugie dans votre Cœur, ô Jésus, je me cache dans vos plaies, je m'abîme dans votre miséricorde!
Mon Dieu, que je suis misérable! Mon Dieu, que je suis méchant!
Ayez pitié d'un infortuné!
Ayez pitié d'un impie!
O Dieu de bonté, ayez pitié de moi!
Du fond du cœur, je soupire vers vous, ô mon Dieu!
Dieu très bon, très miséricordieux, ne m'abandonnez pas!
Si vous me délaissez, je suis sans ressources; si vous me repoussez, je suis perdu!
Qui me recevra, ô mon Dieu, si vous m'abandonnez? Nul n'est si bo>i que vous, au ciel et sur la terre!
Souvenez-vous de l'ouvrage de vos mains, ô mon Dieu, et de la noblesse dans laquelle vous m'avez créé!
Ne souffrez pas que votre enfant vous échappe et soit la proie du démon!
Mon Dieu, je remets mon âme entre vos mains!
***
Je crois en vous, Dieu tout-puissant, mon légitime Seigneur et Maître.
Vous êtes mon Créateur, mon Rédempteur; seul vous avez un entier pouvoir sur mon être.
Je crois tout ce que vous avez révélé, parce que vous l'avez révélé.
Je crois tout ce que croit la sainte Eglise catholique, je désire vivre et mourir dans cette foi.
Quoique beaucoup d'articles de foi dépassent mon intelligence, je les tiens pour révélés de Dieu.
Je proteste de ma foi, par serment, et suis prêt à donner ma vie pour cette foi.
O mon Dieu, prenez soin de ma foi, fortifiez-la, conservez-la.
Si, à l'heure de ma mort, quelque tentation contre la foi venait m'assaillir, je proteste d'avance contre elle et la déteste de tout mon oœi;r.
Mon Dieu, étendez la foi catholique dans tout l'univers, détruisez l'erreur, extirpez les hérésies.
Ramenez à la foi les âmes égarées, ne les laissez pas se perdre éternellement.
***
Mon Dieu, vous m'avez destiné à la béatitude éternelle, j'espère que vous m'y conduirez.
Quoique les bonnes œuvres soient nécessaires pour gagner le ciel, je ne compte pas sur celles que j'ai pu faire, parce qu'elles sont petites et imparfaites.
Je me confie en vos promesses, ô mon Dieu; vos promesses sont la vérité même.
J'espère ma part de votre héritage, ô mon Dieu, puisque vous m'avez adopté pour votre enfant.
J'espère dans les mérites que Notre-Seigneur Jésus-Christ a légués à ses fidèles.
J'espère en sa Passion très douloureuse, par laquelle il a satisfait pour mes péchés.
J'espère en sa mort très amère, par laquelle il nous a rachetés de la mort éternelle.
J'espère en la vertu des sacrements que Jésus-Christ a bien voulu me faire recevoir.
J'espère dans le saint Sacrifice de la Messe, institué pour mon salut.
J'espère en la protection de la Sainte Vierge et en la fidèle assistance des Saints.
J'espère surtout, ô mon Dieu, en votre infinie bonté, en votre miséricorde, qui n'a jamais manqué à une âme confiante.
Je m'appuie si fortement sur cette miséricorde qu'il me paraît impossible de me perdre.
Et alors que j'aurais commis plus de péchés encore, je ne perdrais point l'espoir d'être sauvé!
Car votre miséricorde dépasse infiniment mes crimes.
Le nombre de mes péchés ne saurait arrêter l'effet de votre miséricorde.
Au contraire, plus le pécheur est coupable, plus il vous revient d'honneur de son salut, puisque votre miséricorde y brille d'un plus grand éclat.
J'espère donc en vous, ô bonté infinie; je me confie en vous, ô miséricorde sans bornes de mon Dieu!
Cette ferme espérance, ni les hommes ni les démons ne l'ébranleront jamais.
Si, à la dernière heure je venais à chanceler, ô Seigneur, affermissez-moi !
J'ensevelis mon espoir dans votre Cœur sacré, afin qu'il y demeure inébranlable à jamais.
***
O Dieu, je voudrais répandre mon cœur en votre présence, le voir enflammé de votre amour!
Semblable à une tendre fiancée, je voudrais m'entretenir avec vous, ô mon céleste Epoux, et vous dévoilai? l'amour de mon âme.
Car vous êtes, ô Seigneur, l'Epoux choisi de mon cœur, son unique trésor.
Personne au monde ne saurait m'aimer d'un amour semblable au vôtre : c'est pourquoi mon âme s'attache à vous uniquement.
Ah! que ne puis-je comprendre l'intensité de votre amour pour y répondre dignement.
Je vous aime, ô mon Dieu, autant que je le puis, mais moins que je ne voudrais et ne devrais vous aimer.
Faites que je vous aime davantage. Découvrez-moi vos charmes et mon cœur s'enflammera d'une divine charité.
O Dieu! vous êtes le Dieu d'amour! Vous êtes admirable et le Dieu de toute beauté, de toute douceur. Vous êtes infiniment aimable, plein de douceur, de miséricorde, de grâce, de magnificence et de gloire.
Tout le bien que l'esprit peut imaginer et le cœur désirer est en vous, ô mon Dieu!
Qui donc ne vous aimerait pas, ô suprême bien?
Je vous aime, ô mon Dieu, oui, je vous aime, mais que cet amour est misérable, froid, imparfait, inconstant!
Purifiez-le, mon Dieu, enflammez-le, fortifiez-le.
Blessez mon cœur des flèches de votre divine charité, brûlez-le de vos divines flammes.
Esprit-Saint, vous qui remplissez de vos feux les âmes des fidèles, consumez mon cœur de l'amour divin.
Unissez mon cœur au Cœur de Jésus, afin que les flammes du Sacré Cœur dévorent le mien.
Quand donc brûlerai-je de l'amour de mon Dieu, quand donc lui serai-je indissolublement uni, quand l'amour m'aura-t-il transformé?
O Dieu, ce moment béni ne serait-il pas venu? Mon cœur tressaille^ je le sens brûler dans ma poitrine!
Je vous aime, ô Dieu le Père; je vous aime, ô Dieu le Fils; je vous aime, ô Dieu le Saint-Esprit.
Trinité sainte, je vous adore, je vous aime, maintenant et à jamais.
Je vous aime de tout mon cœur, de toute mon âme, de tout mon esprit, de toutes mes forces.
O Dieu si doux, ô Dieu si bon, Je vous aime! Vous êtes mon Père, mon ami, mon frère, mon époux, mon unique bien, ma seule consolation.
Vous êtes mon espoir, mon salit, mon bonheur; Vous êtes mon Dieu et mon tout.
Mon âme se réjouit et mon esprit tressaille en vous, mon Seigneur et mon Dieu.
O joie sans pareille d'aimer un si grand bien et de le posséder à jamais !
Aidez-moi, Seigneur, à vous connaître davantage pour que mon amour augmente de plus en plus.
O Dieu d'amour, votre désir est d'être uni aux hommes par l'amour. O Seigneur, établissez en moi le règne de votre charité!
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