sábado, 1 de janeiro de 2011

La fin prochaine de la Messe consiste en ce qu’elle est un sacrifice propitiatoire. Cette finalité est compromise elle aussi : alors que la Messe opère la rémission des péchés, tant pour les vivants que pour les morts, le nouvel ORDO met l'accent sur la nourriture et la sanctification des membres présents de l'assemblée. Le Christ institua le Sacrement pendant la dernière Gène et se mit alors en état de victime pour nous unir à son état de victime ; c'est pourquoi cette immolation précède la manducation et renferme plénièrement la valeur rédemptrice qui provient du Sacrifice sanglant. La preuve en est que l’on peut assister à la Messe sans communier sacramentellement.


Bref examen critique du nouvel Ordo Missae

Préface
Lettre à Paul VI
des cardinaux Ottaviani et Bacci

III
Venons-en maintenant aux FINALITÉS de la MESSE : à savoir sa finalité ultime, sa finalité prochaine et sa finalité immanente.
1. - FINALITÉ ULTIME.
La fin ultime de la Messe consiste en ce quel sacrifice de louange à la Très Sainte Trinité, conformément à l'intention primordiale de l'Incarnation déclarée par le Christ Lui-même : " Entrant dans le monde il dit : Tu n'as voulu ni victime ni oblation, mais tu m’as formé un, corps " (Ps. 40, 7-9 ; Heb., X, 5).
Cette finalité ultime et essentielle, le nouvel ORDO MISSAE la fait disparaître :
- premièrement, de l'Offertoire, où ne figure plus la prière Suscipe Sancta Trinitas (ou Suscipe Pater) ;
- deuxièmement, de la conclusion de la Messe ne comporte plus le Placeat tibi Sancta Trinitas
- troisièmement, de la Préface : puisque la de la Sainte Trinité ne sera plus prononcé qu’une fois l'an.
2. - FINALITÉ PROCHAINE.
La fin prochaine de la Messe consiste en ce qu’elle est un sacrifice propitiatoire.
Cette finalité est compromise elle aussi : alors que la Messe opère la rémission des péchés, tant pour les vivants que pour les morts, le nouvel ORDO met l'accent sur la nourriture et la sanctification des membres présents de l'assemblée.
Le Christ institua le Sacrement pendant la dernière Gène et se mit alors en état de victime pour nous unir à son état de victime ; c'est pourquoi cette immolation précède la manducation et renferme plénièrement la valeur rédemptrice qui provient du Sacrifice sanglant. La preuve en est que l’on peut assister à la Messe sans communier sacramentellement.
3. - FINALITÉ IMMANENTE.
La fin immanente de la Messe consiste en ce qu'elle est primordialement un Sacrifice.
Or il est essentiel au Sacrifice, quelle qu'en soit la nature, d'être agréé de Dieu, c'est-à-dire d'être accepté comme sacrifice.
Dans l'état de péché originel, aucun sacrifice ne serait, en droit, acceptable par Dieu. Le seul sacrifice qui puisse et doive en droit être accepté est celui du Christ. Aussi était-ce éminente convenance que l'Offertoire référât d’emblée le Sacrifice de la Messe au Sacrifice du Christ.
Mais le nouvel ORDO Missae dénature l'offrande en la dégradant. Il la fait consister en une sorte d'échange entre Dieu et l'homme : l'homme apporte le pain et Dieu le change en pain de vie ; l'homme apporte le vin, et Dieu en fait une boisson spirituelle : " Tu es béni, Seigneur Dieu de l'univers, parce que de ta libéralité nous avons reçu le pain (ou : le vin) que nous t'offrons, fruit de la terre (ou : de la vigne) et du travail de l'homme, d'où provient pour nous le pain de vie (ou : la boisson spirituelle) ".
Est-il besoin de faire remarquer que les expressions " pain de vie " (panis vitae ) et " boisson spirituelle " (potus spiritualis) sont absolument indéterminées : elles peuvent signifier n'importe quoi. Nous retrouvons ici la même équivoque capitale que dans la définition de la Messe : dans la définition, référence à la présence spirituelle du Christ parmi les siens ; ici, le pain et le vin sont changés spirituellement : on ne précise plus qu'ils le sont substantiellement. Dans la préparation des oblats, un semblable jeu d'équivoques est réalisé par la suppression des deux admirables prières .
Deus qui humanae substantiae.
Offerimus tibi, Domine...
La première de ces deux prières déclare " O Dieu qui avez créé la nature humaine d'une manière admirable et qui d'une manière plus admirable encore l'avez rétablie dans sa première dignité. " C'est un rappel de l'antique condition d'innocence de l'homme et de sa condition actuelle de racheté par le sang du Christ ; c'est une récapitulation discrète et rapide de toute l'économie du sacrifice depuis Adam jusqu'au temps présent.
La seconde de ces deux prières, qui est la finale de l'Offertoire, s'exprime sur le mode propitiatoire ; elle demande que le calice s'élève cum odore suavitatis en présence de la Majesté divine dont on implore la clémence elle souligne merveilleusement cette même économie du sacrifice.
Ces deux prières sont supprimées dans le nouvel ORDO Missae
Supprimer ainsi la référence permanente à Dieu qu'explicitait la prière eucharistique, c'est supprimer toute distinction entre le sacrifice qui procède de Dieu et celui qui vient de l'homme.
Si l'on détruit ainsi la clef de voûte, on est bien forcé de fabriquer des échafaudages de remplacement : si l'on supprime les finalités véritables de la Messe, on est bien forcé d'en inventer de fictives. Voici donc des gestes nouveaux pour souligner l'union entre le prêtre et les fidèles, et celle des fidèles entre eux ; voici la superposition, destinée à s'effondrer dans le grotesque, des offrandes faites pour les pauvres et pour l'église à l'offrande de l'Hostie destiné au Sacrifice.
Par cette confusion, la singularité primordiale de l'Hostie destinée au Sacrifice est effacée ; en sorte que la participation à l'immolation de la Victime deviendra une réunion de philanthropes ou un banquet de bienfaisance.