terça-feira, 14 de dezembro de 2010

Ven. Pie XII : " De tout temps, dans l’Église catholique, la raison humaine, éclairée par la foi, s’efforce d’atteindre à une connaissance aussi grande que possible des choses divines. C’est pourquoi il convient que le peuple chrétien cherche avec amour en quel sens il est dit dans le canon du sacrifice eucharistique qu’il offre lui aussi. Afin donc de satisfaire à ce pieux désir, nous aimons à traiter ici le sujet brièvement. Il y a d’abord des raisons plus éloignées : souvent, par exemple, les chrétiens assistant aux cérémonies répondent aux prières du prêtre ; de même, parfois - ce qui arrivait jadis plus souvent - ils offrent aux ministres de l’autel le pain et le vin pour qu’ils deviennent le corps et le sang du Christ ; l’aumône, enfin, qu’ils donnent au prêtre a pour but de faire offrir la divine victime pour eux-mêmes."



1. Participation en tant qu’ils l’offrent avec le prêtre

Ces vérités sont de foi certaine ; les fidèles cependant offrent, eux aussi la divine Victime, mais d’une manière différente.

a. Ceci est affirmé par l’Église

Ceci a déjà été très clairement affirmé par certains de Nos prédécesseurs et par les docteurs de l’Église. " Non seulement - ainsi parle Innocent III, d’immortelle mémoire - les prêtres offrent, mais aussi tous les fidèles, car ce qui s’accomplit d’une manière spéciale par le ministère des prêtres se fait d’une manière universelle par le vœu des fidèles " (De Sacro Altaris Mysterio, III, 6), Et Nous aimons à citer en cette matière au moins une affirmation de saint Robert Bellarmin, prise entre beaucoup d’autres : " Le sacrifice, dit-il, est offert principalement dans la personne du Christ. C’est pourquoi l’offrande qui suit la consécration atteste en quelque sorte que toute l’Église consent à l’oblation faite par le Christ et offre avec lui " (De Missa, I, cap. 27).

b. Ceci est exprimé par les rites eux-mêmes

Les rites et les prières du sacrifice eucharistique n’expriment et ne manifestent pas moins clairement que l’oblation de la victime est faite par les prêtres en même temps que par le peuple. Non seulement, en effet, après l’offrande du pain et du vin, le ministre du sacrifice, tourné vers le peuple, dit expressément : " Priez, mes frères, pour que mon sacrifice qui est aussi le vôtre, trouve accès près de Dieu, le Père tout-puissant " (Missale Rom., Ordo Missae), mais en outre, les prières par lesquelles la divine hostie est offerte à Dieu sont formulées, la plupart du temps, au pluriel, et il y est plus d’une fois indiqué que le peuple, lui aussi, prend part à cet auguste sacrifice en tant qu’il l’offre. On y trouve ceci, par exemple : " Pour lesquels nous t’offrons, ou qui t’offrent… Nous vous prions donc, Seigneur, d’accueillir d’un cœur apaisé cette offrande de vos serviteurs et de toute votre famille… Nous, vos serviteurs, ainsi que votre peuple saint, nous offrons à votre glorieuse Majesté ce que vous-même nous avez donné et nous donnez, l’hostie pure, l’hostie sainte, l’hostie immaculée " (Ibid., Canon Missae).

Et il n’est pas étonnant que les chrétiens soient élevés à cette dignité. Par le bain du baptême, en effet, les chrétiens deviennent à titre commun membres dans le corps du Christ-prêtre, et par le " caractère " qui est en quelque sorte gravé en leur âme, ils sont délégués au culte divin : ils ont donc part, selon leur condition, au sacerdoce du Christ lui-même.

c. Offrande du pain et du vin faite par les fidèles

De tout temps, dans l’Église catholique, la raison humaine, éclairée par la foi, s’efforce d’atteindre à une connaissance aussi grande que possible des choses divines. C’est pourquoi il convient que le peuple chrétien cherche avec amour en quel sens il est dit dans le canon du sacrifice eucharistique qu’il offre lui aussi. Afin donc de satisfaire à ce pieux désir, nous aimons à traiter ici le sujet brièvement.

Il y a d’abord des raisons plus éloignées : souvent, par exemple, les chrétiens assistant aux cérémonies répondent aux prières du prêtre ; de même, parfois - ce qui arrivait jadis plus souvent - ils offrent aux ministres de l’autel le pain et le vin pour qu’ils deviennent le corps et le sang du Christ ; l’aumône, enfin, qu’ils donnent au prêtre a pour but de faire offrir la divine victime pour eux-mêmes.

Mais il y a aussi une raison profonde pour laquelle on dit que tous les chrétiens, surtout ceux qui y assistent, offrent le sacrifice.

d. Sacrifice offert par les fidèles

Pour ne pas faire naître en cette matière très importante d’erreurs pernicieuses, il faut préciser avec exactitude le sens du mot " offrir ". L’immolation non sanglante par le moyen de laquelle, après les paroles de la consécration, le Christ est rendu présent sur l’autel en état de victime, est accomplie par le seul prêtre en tant qu’il représente la personne du Christ, non en tant qu’il représente la personne des fidèles. Mais par le fait que le prêtre pose la divine victime sur l’autel, il la présente à Dieu le Père en tant qu’offrande, pour la gloire de la très sainte Trinité et le bien de toute l’Église. Or, cette oblation au sens restreint, les chrétiens y prennent part à leur manière et d’une double façon, non seulement parce qu’ils offrent le sacrifice par les mains du prêtre, mais aussi parce qu’ils l’offrent avec lui en quelque sorte, et cette participation fait que l’offrande du peuple se rattache au culte liturgique lui-même.

Que les fidèles, par les mains du prêtre, offrent le sacrifice, cela ressort avec évidence du fait que le ministre de l’autel représente le Christ en tant que chef offrant au nom de tous ses membres ; c’est pourquoi l’Église universelle est dite, à bon droit, présenter par le Christ l’offrande de la victime. Si le peuple offre en même temps que le prêtre, ce n’est pas que les membres de l’Église accomplissent le rite liturgique visible de la même manière que le prêtre lui-même, ce qui revient au seul ministre délégué par Dieu pour cela, mais parce qu’il unit ses vœux de louange, d’impétration, d’expiation et d’action de grâces aux vœux ou intentions mentales du prêtre, et même du Souverain Prêtre, afin de les présenter à Dieu le Père dans le rite extérieur même du prêtre offrant la victime. Le rite extérieur du sacrifice, en effet, doit nécessairement, par sa nature, manifester le culte intérieur ; or, le sacrifice de la loi nouvelle signifie l’hommage suprême par lequel le principal offrant, qui est le Christ, et avec lui et par lui tous ses membres mystiques, rendent à Dieu l’honneur et le respect qui lui sont dus.

Nous avons appris avec grande joie que, surtout en ces derniers temps, par suite de l’étude plus poussée que beaucoup ont faite des questions liturgiques, cette doctrine a été mise en pleine lumière. Nous ne pouvons cependant ne pas déplorer vivement les exagérations et les excès qui ne concordent pas avec les véritables enseignements de l’Église.

Certains, en effet, réprouvent complètement les messes qui sont offertes en privé et sans assistance, comme éloignées de l’antique manière de célébrer ; quelques-uns même affirment que les prêtres ne peuvent en même temps offrir la divine hostie sur plusieurs autels parce que par cette manière de faire ils divisent la communauté et mettent son unité en péril ; on va parfois jusqu’à estimer que le peuple doit confirmer et agréer le sacrifice pour que celui-ci obtienne sa valeur et son efficacité.

On en appelle à tort, en la matière, à la nature sociale du sacrifice eucharistique. Toutes les fois, en effet, que le prêtre renouvelle ce que le divin Rédempteur accomplit à la dernière Cène, le sacrifice est vraiment consommé, et ce sacrifice, partout et toujours, d’une façon nécessaire et par sa nature, a un rôle public et social, puisque celui qui l’immole agit au nom du Christ et des chrétiens dont le divin Rédempteur est le chef, l’offrant à Dieu pour la sainte Église catholique, pour les vivants et les défunts (Missale Rom., Canon Missae). Et ceci se réalise sans aucun doute, soit que les fidèles y assistent - et Nous désirons et recommandons qu’ils y soient présents très nombreux et très fervents - soit qu’ils n’y assistent pas, n’étant en aucune manière requis que le peuple ratifie ce que fait le ministre sacré.

De l’exposé précédent, il résulte clairement que la messe est offerte au nom du Christ et de l’Église, et que le sacrifice eucharistique ne serait pas privé de ses fruits, même sociaux, si le prêtre célébrait sans la présence d’aucun acolyte ; néanmoins, à cause de la dignité d’un si grand mystère, Nous voulons et exigeons que - conformément aux ordonnances constantes de notre Mère l’Église - aucun prêtre ne monte à l’autel s’il n’a un ministre pour le servir et lui répondre, selon la prescription du canon 813.